La biologie de l’allergie a réalisé de grands progrès ces dernières années. Elle s’enrichit régulièrement de nouveaux outils apportant une aide précieuse au diagnostic des allergies IgE-dépendantes. Pourtant, comme pour l’allergologie clinique, les compétences se réduisent peu à peu. Plusieurs équipes de recherche en Immuno-allergologie ont disparu au départ à la retraite de leur chef de service (Institut Pasteur, INRA, INSERM…). En secteur hospitalier, c’est le même combat contre la disparition programmée de certaines activités de biologie d’allergie. En 2010, la fédération des savoirs faire dans le cadre d’un réseau inter-hospitalier (Réseau Biologie de l’Allergie CH-CHU) apparaît comme une initiative salutaire pour sauvegarder ces activités dans le secteur publique ; tout comme, la création en 2009 d’un groupe de travail au sein de la SFA réunissant des experts du CIAB et de la SFA autour des questions de la biologie.
En ville, le regroupement des laboratoires d’analyses médicales en structure de taille plus importante est devenu indispensable pour assurer leur pérennité et satisfaire aux besoins de l’accréditation depuis la parution de l’ordonnance du 13 janvier 2010. Ces bouleversements d’organisation sauront-ils préserver la qualité de la biologie de l’allergie, compte tenu des maillons faibles connus, liés à la transmission des échantillons et des demandes d’analyses entre différents sites d’un groupement de laboratoires ? La généralisation de ces nouveaux circuits d’exécution des analyses peut comporter des risques de perte d’information, laquelle peut affecter la qualité du résultat biologique.
La biologie de l’allergie a eu encore subit une baisse de la cotation de -7% à -20% de certains actes les plus prescrits, depuis le 11 février 2011, suite à la publication de l’arrêté du 09/12/2010 (JORF du 11/01/2011). Cette nouvelle baisse, la 3e depuis 1994, est la réponse des autorités de santé à la progression inéluctable des prescriptions de biologie d’allergie dans le contexte actuel de réduction du nombre d’allergologues en exercice. Dictée par une politique de gestion comptable, elle ne tient pas compte de l’évolution de la nature des prescriptions inhérentes à l’augmentation de prévalence des anaphylaxies (tryptase : +32%) et des allergies alimentaires (dépistage et identification : +10%). Les dépenses de biologie d’allergie seront vraisemblablement en progression modérée, mais constante, pour plusieurs raisons. D’une part, les maladies allergiques augmentent en France, comme partout ailleurs dans le monde. D’autre part, la pénurie d’allergologue entrainera à une inflation de prescription de biologie par les autres médecins non formés à l’allergologie, confrontés à prise en charge des allergiques et ne connaissant pas toujours les règles de prescription inscrites à la NABM.
L’UNCAM pourrait garantir l’équilibre budgétaire à long terme tout en assurant une prise en charge optimale du patient allergique, en investissant dans la formation des prescripteurs à l’utilisation rationnelle des outils diagnostiques et non en procédant à une baisse d’année en année de la cotation des actes de biologie d’allergologie.
Notre crainte devant cette politique de santé dictée par des impératifs comptables est le risque de nouvelle baisse du remboursement des actes de biologie d’allergie, voire le déremboursement de certains actes, privant les médecins d’outils diagnostiques et dont le patient devra alors en payer le prix fort.
Habib Chabane
Président du CIAB